Je ne savais pas qui était Jorge Semprun avant de commencer ce livre. Et c’est peut-être une bonne chose : on lit ce témoignage oppressant sans préjugés. On ne peut qu’avoir du respect pour des personnes comme Semprun, pour ce qu’elles ont vécu en tant que prisonniers des SS dans les camps d’extermination. Dans le cas de Semprun, il s’agit de sa captivité à Buchenwald. Mais ce livre ne porte pas tant sur cet épisode (même si des récits bouleversants y sont rapportés), que sur la vie après les camps. Qu’est-ce que cela fait de vous, en tant qu’être humain ? (Le lien avec les ouvrages de Primo Levi est d’ailleurs établi d’emblée.) Vit-on encore vraiment, après cela ? À la page 150, on lit : « Le monde s’est effacé autour de moi dans une sorte de vertige. Les maisons, la foule, Paris, le printemps, les drapeaux, les chants, les cris scandés : tout s’est effacé. J’ai compris d’où venait la tristesse physique qui m’accablait, malgré l’impression trompeuse d’être là, vivant...
À la Foire du livre de Bruxelles, j’ai acheté ce petit chef-d’œuvre du symbolisme pour à peine trois euros… Pas grand-chose pour un morceau de littérature géniale ! Je connais bien la ville de Bruges. Aujourd’hui, lorsqu’on s’y promène, c’est presque un parc touristique. Comme à Venise (Bruges est parfois appelée la « Venise du Nord »), les touristes envahissent jusqu’aux plus petites ruelles ; presque toutes les maisons sont des chocolateries ou des boutiques de souvenirs, des restaurants, des cafés… Comme le Bruges que décrit Georges Rodenbach est différent ! Hughes Viane, le personnage principal du roman, partage son éternel deuil de son épouse défunte avec la ville de Bruges : "C’est pour cela qu’il avait choisi Bruges, Bruges d’où la mer s’était retirée, comme un grand bonheur aussi. Ç’avait été un phénomène de ressemblance, et parce que sa pensée serait à l’unisson avec la plus grande des Villes Grises. Mélancolie de ce gris des rues de Bruges où tous les jours...