À la Foire du livre de Bruxelles, j’ai acheté ce petit chef-d’œuvre du symbolisme pour à peine trois euros… Pas grand-chose pour un morceau de littérature géniale !
Je connais bien la ville de Bruges. Aujourd’hui, lorsqu’on s’y promène, c’est presque un parc touristique. Comme à Venise (Bruges est parfois appelée la « Venise du Nord »), les touristes envahissent jusqu’aux plus petites ruelles ; presque toutes les maisons sont des chocolateries ou des boutiques de souvenirs, des restaurants, des cafés… Comme le Bruges que décrit Georges Rodenbach est différent !
Hughes Viane, le personnage principal du roman, partage son éternel deuil de son épouse défunte avec la ville de Bruges :
"C’est pour cela qu’il avait choisi Bruges, Bruges d’où la mer s’était retirée, comme un grand bonheur aussi.
Ç’avait été un phénomène de ressemblance, et parce que sa pensée serait à l’unisson avec la plus grande des Villes Grises.
Mélancolie de ce gris des rues de Bruges où tous les jours ont l’air de la Toussaint ! Ce gris comme fait avec le blanc des coiffes de religieuses et le noir des soutanes de prêtres, d’un passage incessant ici et contagieux. Mystère de ce gris, d’un demi-deuil éternel ! » (p. 57)
Dans l’« avertissement » introductif, l’auteur nous explique : la ville de Bruges n’est pas ici un simple décor, un arrière-plan pour cette histoire dramatique, non, la ville est elle-même un personnage. Ses tours, ses cloches, ses ruelles sombres semblent vivre, ressentir des émotions.
Rodenbach écrit avec peu de mots – et en fait de manière assez simple – un véritable récit à suspense ; parfois, j’ai l’impression d’être dans le film Sueurs froides (Vertigo) d’Alfred Hitchcock ! Mais c’est aussi magnifiquement écrit, et cela passionne jusqu’à la dernière lettre. Un petit bijou !
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