Je ne savais pas qui était Jorge Semprun avant de commencer ce livre. Et c’est peut-être une bonne chose : on lit ce témoignage oppressant sans préjugés. On ne peut qu’avoir du respect pour des personnes comme Semprun, pour ce qu’elles ont vécu en tant que prisonniers des SS dans les camps d’extermination. Dans le cas de Semprun, il s’agit de sa captivité à Buchenwald. Mais ce livre ne porte pas tant sur cet épisode (même si des récits bouleversants y sont rapportés), que sur la vie après les camps. Qu’est-ce que cela fait de vous, en tant qu’être humain ? (Le lien avec les ouvrages de Primo Levi est d’ailleurs établi d’emblée.) Vit-on encore vraiment, après cela ? À la page 150, on lit : « Le monde s’est effacé autour de moi dans une sorte de vertige. Les maisons, la foule, Paris, le printemps, les drapeaux, les chants, les cris scandés : tout s’est effacé. J’ai compris d’où venait la tristesse physique qui m’accablait, malgré l’impression trompeuse d’être là, vivant...
Blog de chroniques littéraires par Stéphane Vande Ginste