"Imaginez des acteurs qui ne redeviendraient jamais eux-mêmes. Ils joueraient éternellement leur rôle. Le rideau tomberait, les applaudissements ne les réveilleraient pas. La salle vide, la rampe éteinte, la nuit tombée, ils ne quitteraient pas les planches. On pourrait bien leur hurler que l'on a compris, que leurs répliques sont connues, que nous savons l'action par cœur, ils continueraient obstinément à jouer, errant et vociférant sur la scène. On les dirait envoûtés par eux-mêmes, pris à leur propre jeu, le cœur percé de leurs propres flèches. Leur ronde serait à la fois belle et terrible, pathétique et absurde, et l'on ne saurait plus s'il vaut mieux rire ou pleurer."(p. 169) Tout comme dans "L'ordre du jour", Éric Vuillard se montre ici particulièrement dur et sarcastique envers les puissants et les gouvernants. Le sujet abordé est la guerre cruelle et interminable menée par la France en Indochine. Les intérêts politiques et financiers qui s’y mêlent ne sont malheureusement pas nouveaux : il suffit de regarder l’actualité contemporaine. Ce récit se lit comme une dénonciation incisive de l’avidité de pouvoir et des profits des politiciens, des banques, des entreprises, et bien d’autres encore. C’est un livre confrontant. Parfois, il est difficile de suivre avec toutes ces références de noms et de faits. Heureusement, il y a toujours Google pour éclaircir certains points.
Un roman typique de Foenkinos : légèrement ironique et pourtant un peu tragique, il raconte l’histoire de (l’imaginaire) Martin Hill, qui, lors du casting pour le rôle de Harry Potter, a fini deuxième favori. Cependant, il a perdu la bataille et c’est Daniel Radcliffe qui a décroché le rôle. Qu'est-ce que ça fait à un homme de rester « deuxième » ? Comment cela influence-t-il sa vie, ses affects ? Chez Martin Hill, cela dérape : il développe une phobie extrême de Harry Potter, au point que cela perturbe tout son monde émotionnel. Comme un possédé, avec l’aide de sa famille et de ses amis, il cherche un moyen de se débarrasser de son obsession. La solution arrive de manière plutôt logique, mais inattendue. Bien que l’histoire soit un peu faible – ce qui est souvent le cas dans les derniers livres de Foenkinos, dont je trouve toujours *La délicatesse* et *Les souvenirs* inégalés – le roman est néanmoins écrit avec énergie et mordant. Car c’est ce que l’auteur sait faire : ren...
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