La situation précaire de trois femmes dans une société islamique extrémiste du nord du Cameroun. C’est le sujet de ce roman. N’attendez pas une littérature édulcorée : il y a peu de place pour la réflexion philosophique ou les constructions stylistiques raffinées. Ici, seule la réalité brute est dépeinte. Et cette réalité est très crue.Nous avons une vague idée de ces abus : des femmes maltraitées, "vendues" à un mari dès leur jeune âge, sans aucun droit. Mais lorsqu’on le lit avec cette froideur, dans toute sa simplicité, avec les conséquences décrites en détail, cela choque profondément. Et c’est justement là toute la valeur de ce livre et de son autrice : elle ose dénoncer cette problématique dans son propre pays (et dans le monde entier). Pour nous, Occidentaux, cela peut sembler évident, mais pour une femme vivant au Cameroun, c’est loin de l’être. Un immense respect pour le combat qu’elle mène, avec pour arme principale : les mots, une arme extrêmement puissante !
Avec ce roman, Lemaitre ouvre une nouvelle trilogie qu’il appelle "Les années glorieuses". Alors que sa trilogie précédente, "Les enfants du désastre", se déroulait dans l’entre-deux-guerres, cette nouvelle série se situe dans la période d’après-guerre. Une fois de plus, nous avons droit à une chronique familiale dense. Ce qui est surprenant, c’est que Lemaitre relie magistralement et subtilement cette nouvelle série à sa trilogie précédente. Au centre du récit se trouve la guerre d’Indochine et, surtout, le rôle de la politique française dans ce conflit. Guerre, soif de sang, et oui, aussi des meurtres, mais également de l’amour : voilà les ingrédients de cette histoire, une fois encore écrite avec beauté et intensité. Cela reste bien sûr très narratif dans l’ensemble. Ce qui manque peut-être, c’est une touche de poésie, de fantaisie ou un soupçon de philosophie.
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