La Traversée des temps I
Paradis perdus
Erci-Emmanuel Schmitt
“Homme du Lac, j’avais traversé une Nature sans barrières où matière et esprit se mélaient. Le brin d’herbe, le noyer, le lièvre, la rivière, le rocher, le nuage, le vent étaient animés, pourvus d’intentions et de sentiments. Avec eux, je pouvais communiquer par l’observation, par la méditation, par la rêverie, par les songes, par le chant, par la danse, par les drogues, par les transes. Nul mur étanche ne se dressait. Or, les hommes le construisaient. En vue de posséder les objets, les corps, les phénomènes, ils les vidaient de pensée et se réservaient l’intelligence. Ils conquéraient le cosmos en le rendant creux. J’avais vécu uni à la Nature; ils m’en séparaient. L’humilité s’éclipsait, l’harmonie aussi. Mes paradis étaient perdus.” (p. 553-554)
La parole est à Noam. Il vivait à L'Age de pierre et a survécu au Déluge (il est en fait le Noé du célèbre récit biblique). Étrangement, son corps continue à vivre, il ne meurt pas et reste jeune. Ceci rend le début de ce roman un peu déconcertant ; il faut un moment pour s'habituer à cette situation bizarre. L'histoire de ce roman parle d'hommes qui se définissent comme "Chasseurs" et qui, peu à peu, commencent à s'organiser en communautés sédentaires . Ils vivent en harmonie avec la Nature, et il est étonnant de voir tout ce qu'ils savent et peuvent déjà faire (comme trouver des médicaments dans les plantes et les herbes). L'histoire est racontée de manière captivante, avec pas mal de suspense. Cela reste bien sûr une fiction : il ne faut pas chercher ici un exposé scientifique sur cette période de l'histoire. Parfois, c'est un peu extravagant, mais cela reste amusant et divertissant à lire. Les notes de bas de page sont également très intéressantes et pertinentes. Deux remarques sur l'œuvre de Schmitt : comme souvent, il y a trop de longueurs dans ses romans. On admire son vocabulaire riche, mais parfois il nous submerge avec un peu trop de mots (des listes interminables et des synonymes), des répétitions. Peut-être cherche-t-il à créer un effet amplificateur, mais cela devient parfois pesant. De plus, certains aspects de l'histoire sont clairement influencés par les convictions morales Catholiques de l'auteur. Que les gens de l'Age de pierre se posent des questions morales parce qu'ils avaient une liaison avec quelqu'un ou étaient infidèles à leur partenaire semble un peu exagéré. Le livre reste néanmoins un « page-turner », un livre assez palpitant !
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