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Changer: méthode - Edouard Louis

 À chaque fois, je doute de lire encore un roman d'Édouard Louis, et à chaque fois je me laisse de nouveau tenter, et oui, encore une fois j'ai pris plaisir à le lire. Il y a quelque chose de fascinant chez ce garçon. Sa sincérité désarmante, par exemple. Encore une fois, ce roman est autobiographique. Et oui, nous connaissons déjà son histoire : son enfance misérable et sa jeunesse dans ce Nord de la France lugubre, ses parents pitoyables et miséreux... Pourtant, il parvient à rendre cela toujours captivant. Chaque roman éclaire un autre aspect de sa vie. Dans *En finir avec Eddy Belleguele* (rien que ce nom !), il raconte ses propres années d'enfance. Dans *Qui a tué mon père*, son père est au centre du récit, brisé par le travail à l'usine. Et *Combats et métamorphoses d'une femme* est un magnifique hommage à sa mère. Dans *Changer*, Louis nous montre sa propre métamorphose. Et celle-ci est très radicale. Non seulement sa culture change, mais aussi son apparence, même ses dents. C'est tout de même bouleversant, et on pourrait vite lui reprocher de n'imiter que les autres, de ne pas savoir faire autrement, et surtout d'agir comme une tentative ultime de fuir son milieu. Et il l'admet lui-même. Mais comment une personne pareille en est-elle arrivée à écrire de façon aussi raffinée ? C'est tout de même un petit miracle. Ou non, c'est sa détermination sans faille qui en est la cause, et cela mérite uniquement de l'admiration. On pourrait parfois penser qu'il est devenu un peu arrogant et ingrat à force de cela. Mais lui-même le reconnaît : *"Je me sens tellement éloigné des écrivains qui racontent leur découverte de la littérature à travers l'amour des mots et la fascination pour la vision poétique du monde. Je ne leur ressemble pas. J'écris pour exister."* *Je est un autre*, je pense alors, avec les célèbres mots d'Arthur Rimbaud. Car Édouard Louis n'est-il pas un peu un Rimbaud contemporain ? Par son origine issue d'un milieu très peu éduqué, par sa fuite vers une autre réalité, une autre vie, et surtout par son désir de compter pour quelque chose ?


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Le grand monde - Pierre Lemaitre

 Avec ce roman, Lemaitre ouvre une nouvelle trilogie qu’il appelle "Les années glorieuses". Alors que sa trilogie précédente, "Les enfants du désastre", se déroulait dans l’entre-deux-guerres, cette nouvelle série se situe dans la période d’après-guerre. Une fois de plus, nous avons droit à une chronique familiale dense. Ce qui est surprenant, c’est que Lemaitre relie magistralement et subtilement cette nouvelle série à sa trilogie précédente. Au centre du récit se trouve la guerre d’Indochine et, surtout, le rôle de la politique française dans ce conflit. Guerre, soif de sang, et oui, aussi des meurtres, mais également de l’amour : voilà les ingrédients de cette histoire, une fois encore écrite avec beauté et intensité. Cela reste bien sûr très narratif dans l’ensemble. Ce qui manque peut-être, c’est une touche de poésie, de fantaisie ou un soupçon de philosophie.  

La décision - Karine Tuil

C omme j'avais trouvé le précédent roman de Karine Tuil, *Les choses humaines*, captivant, j'ai commencé avec plaisir son nouveau roman. Là encore, l'auteure parvient parfaitement à créer une tension aiguë entre, d'une part, les relations au sein d'une famille et, d'autre part, l'engagement politique et sociétal. Le personnage principal est Alma Revel, une juge (femme) spécialisée dans les procès liés au terrorisme. Elle se retrouve confrontée à des décisions difficiles, tant dans sa vie personnelle que professionnelle : doit-elle libérer temporairement le jeune Kacem ou doit-elle continuer à le détenir ? Est-il un terroriste potentiellement dangereux ou un homme aux intentions honnêtes ? Les décisions sont très difficiles à prendre, surtout lorsqu'elles peuvent avoir de lourdes conséquences pour la société. Et cela d'autant plus quand on découvre que son nouveau petit ami est l'avocat du suspect...  Tuil écrit encore une fois un roman palpitant....
La Traversée des temps I  Paradis perdus Erci-Emmanuel Schmitt  “Homme du Lac, j’avais traversé une Nature sans barrières où matière et esprit se mélaient. Le brin d’herbe, le noyer, le lièvre, la rivière, le rocher, le nuage, le vent étaient animés, pourvus d’intentions et de sentiments. Avec eux, je pouvais communiquer par l’observation, par la méditation, par la rêverie, par les songes, par le chant, par la danse, par les drogues, par les transes. Nul mur étanche ne se dressait. Or, les hommes le construisaient. En vue de posséder les objets, les corps, les phénomènes, ils les vidaient de pensée et se réservaient l’intelligence. Ils conquéraient le cosmos en le rendant creux. J’avais vécu uni à la Nature; ils m’en séparaient. L’humilité s’éclipsait, l’harmonie aussi. Mes paradis étaient perdus.” (p. 553-554)   La parole est à Noam. Il vivait à L'Age de pierre et a survécu au Déluge (il est en fait le Noé du célèbre récit biblique). Étrangement, son corps continue ...